CR Chine…..Wenquan seconde semaine par Cécile Pacaut

La suite des CR… Je viens de me taper 1km de 1ère en 2 jours ! C’est pas toujours donné, aux très grosses galeries succèdent des points d’interrogation qu’il faut fouiller, parfois des passages étroits, le tout dans un réseau particulièrement complexe. Cécile

LUNDI 15 et MARDI 16 AVRIL

Trou : Hóngzhàozidòng (Grotte du brouillard Pourpre) Marche d’approche : 2h30

TPST : 25h

Longueur explo / topo : 1600 m pour l’ensemble des équipes (vu que nous avons passé notre temps à nous mixer sous terre, je suis incapable de donner ma part!)

Participants explo : Jean, Eric, Cécile, Nicolas, Zhei

Autres : CCTV, la presse écrite, 1 stagiaire

Le lundi matin, une grosse équipe se prépare pour aller à Hóngzhàozidòng faire des explos et emmener l’équipe CCTV bivouaquer. Vu que je n’ai pas du tout envie de me lever tôt, me voilà affecteé à la préparation du bivouac télé + bouffe du soir, ce qui m’occupe bien la matinée pendant qu’Eric, Jean et 2 stagiaires partent tôt pour se farcir les explos d’un bon méandre.

Une fois notre équipe arrivée au parking, la présentatrice de CCTV déclare forfait mais un journaliste écrit non prévu au programme du bivouac apparaît ! Ben ma foi, réactivité dans l’adaptation étant une capacité bien chinoise, on l’adopte !

photo Cécile Pacaut marche d'approche de Hongzhaozidong

La marche d’approche est absolument superbe. Après avoir passé un col, la vue ,s’ouvre sur une vallée encaissée, tapissée de rizières au milieu desquelles chemine notre sentier dominé sur la gauche par l’énorme porche de Pixiaodong (lieu de bivouac et grosses explos de la semaine d’avant). Jean nous ayant raconté desbêtises quant au chemin d’accès et m’ayant bien dit que ça ne servait à rien que je parte avec mon GPS, nous retrouvons des panneaux de fortune à base de restes de plaquettes de chocolat lindt, grumpf…

Nous croisons un troupeau de vaches (nouveauté agricole en Chine, jusqu’à récemment le seul bovin qu’on pouvait croiser restait le buffle) qui occasionne bien des frayeurs à l’équipe télé pékinoise.

Les paysages sont très verdoyants et le chemin s’enfonce dans une vallée de plus en plus encaissée et sauvage. La progression est de plus en plus encombrée de végétation parfois sympathique mais de plus en plus agressive ! iris sauvages, ronces, églantiers, orties gigantesques (leur vertus urticantes sont à l’échelle du pays,) forêt de bambous… Décidément, la combinaison et les gants sont parfois plus de rigueur pour la marche d’approche que pour les explos souterraines ! Et pour finir, descente très raide de 80m dans la doline deHóngzhàozidòng, sur une sente où l’équipe du matin a dû se tailler le chemin à la machette.

Le temps de tourner des images et pour Laha (Nicolas Hulot) de faire ses blablas, nous aurons mis 2h30 pour accéder au trou !

Au fond de la doline, barrée par une cascade, s’ouvre la Grotte du Brouillard Pourpre qui porte bien son nom ! Dès le fond de la doline, on est dans une espèce de brouillard violine à travers la clarté du soir qui pénètre au fond de la doline. Ambiance très particulière !

Les premières centaines de mètres de la grotte sont eux aussi en plein brouillard, à tel point qu’on n’y voit pas grand chose, surtout vue la dimension de la galerie d’entrée. Nous empruntons une grosse galerie annexe qui part sur la gauche et nous livre de magnifiques cloches de plafond. On atteint rapidement la zone sèche où nous choisissons le spot de bivouac avant d’installer tout notre petit monde. Le temps de faire chauffer l’eau pour les nouilles et l’équipe d’explo arrive pour se mettre les pieds devant le réchaud. Nouilles chinoises, rien de bien original pour un repas sous terre, mais pour ma part avec les baguettes c’est une première !

Reblochon, saucisson d’Ardèche et nougats de Montélimar fournis par Eric viennent agrémenter notre ordinaire. Les chinois daignent goûter le saucisson, mais seul Laha s’aventurera à tester le reblochon qui a bien vieilli façon époisses à force de transpirer ! Il faut dire que les chinois ne consomment pas du tout de lait (la vache restant encore un animal exotique…) et encore moins de fromage, se cantonnant à la consommation de tofu (fromage de soja) assaisonné de moultes manières différentes et toujours aussi bof.

Loin des camions et pas trop proche des ronfleurs de CCTV, sans bains du soir ni debriefings variés, ce sera ma meilleure nuit sur Wenquan !

Le lendemain on abandonne l’équipe de CCTV, hormis son chef, au sommet du P50 qui termine la galerie. Le mélange de 2 volumes d’air importants qui se rencontrent au sommet du P50 crée de nouveau un bon brouillard. Quelques dyneema et cordes de 8 plus tard et après avoir fait descendre Laha, je découvre l’ambiance chinoise du plein vide pendue au milieu d’une salle immense.

Pendant qu’Eric équipe la suite, Nico et moi sommes à la caméra et à l’éclairage pour permettre à Laha de continuer son reportage. Alors que Jean nous a rejoint, nous finissons par le convaincre de remonter (ouf) avant d’attaquer la suite de la descente et les explos de la magnifique galerie des carreaux cassés : de gros polygones de dessication de boue bordés de cristaux blancs de nitrates,superbe ! Nous partons vers l’aval dans une grosse galerie bordée d’énormes banquettes acérées à coups de gouge et de superbes marmites. Nous rejoignons un bel actif d’un peu moins d1m3/s qui gronde 5m en dessous dans le fond du trou de serrure et nous sortons le matériel topo. Progression sur banquettes déchiquetées, lancer de corde pour traverser l’actif, ambiance garantie ! Jean finit par nous dire que nous venons de jonctionner à vue avec une zone connue. Nous repartons vers l’amont explorer quelques boyaux de 3x3m avant de remonter le P50 avec un chouette passage de nœud à 30m du sol avec un croll qui fait des siennes, gloups !

Au bivouac, nous retrouvons nos amis chinois qui n’ont pas fini de plier ET tout un tas de choses (dont les poubelles) que l’équipe de CCTV n’a pas ressorti. Un bel exemple du manque d’efficacité collective propre aux chinois, selon Jean ! Il faudra revenir, nous ne pouvons pas tout prendre ! On enverra les jeunes bivouaquer et faire un peu de 1ère au delà du « goulet de la mort qui tue ». Rien qu’au nom, on peut imaginer de quoi il retourne…

On ressort de la doline à bambous alors que le jour tombe. Moments délicieux que cette marche de retour : les odeurs montent, au silence succède le bruit de toute une faune qui s’éveille : grillons, grenouilles qui font un raffut assourdissante dans les rizières… pendant que les papillons voltigent autour de moi dans la lumière de mon casque.

MERCREDI 17 AVRIL

Trou : Jiānjiǎodòng (Grotte des cornes acérées), le retour ! Marche d’approche : 35 mn TPST : 7h Longueur explo : 310 m Longueur topo : 230 m Participants explo : Sébastien, Cécile

Voilà une semaine que j’ai un compte à régler avec le P100 de Jiānjiǎodòng. Jean me fait faux bond au lever pour partir bivouaquer avec Bruno loin dans le réseau de Lóngtánzi, la météo étant enfin plus favorable.

Le temps de recharger les accus de sa Scurion, je pars de Wenquan à midi avec Seb, le perfo et 150m de cordes, après avoir négocié une autorisation de retour tardive avec nos chauffeurs.

On descend le puits dans lequel on observe des restes de remplissage de gros galets tapissant par endroits les parois tout le long du puits. Au fond, on pose les pieds sur la roche mère et des remplissages. Le puits conserve sa forme de puits faille, un départ potentiel en hauteur mais accessible facilement depuis le fond reste à voir (à main gauche à la descente). Au sol, une lucarne de 2mx0,8m permet d’accéder à un méandre étroit, peu haut et boueux, dans lequel coule un piscoulis que nous suivons vers l’aval (l’amont étant encore plus étroit). Avant d’accéder à un puits remontant arrosé, une bifurcation sur la droite donne accès à la suite qui, collectant la nouvelle arrivée d’eau du puits, présente un débit de 0,5l/s et s’élargit (1 à 3m sur 5m de haut), devient très propre, de progression aisée et ludique à travers de sympathiques marmites. Léger courant d’air (journée chaude, dehors > 20°). Nous validons que ça continue facilement et au bout de 80m, (arrêt sur rien), nous remontons en topotant depuis le puits remontant.

Très belle perspective que ce méandre (cf CR de semaine 1), pour autant, la jonction n’est pas gagnée ! Malheureusement, il ne nous sera pas possible de retourner à Jiānjiǎodòng lors de cette expé, snif…

On ressort de nuit, encore une marche de retour dans une ambiance géniale. Compte tenu de l’éloignement de l’hôtel, même en ayant appelé en sortant du trou, on attend une bonne demie heure le 4×4, assis dans la nuit au bord de petit village de Gomao à écouter les grenouilles en parade nuptiale alors que le vent nous caresse la peau. Au loin résonne un feu d’artifice, sans doute encore un enterrement…

JEUDI 18 AVRIL

1er trou : Lóngtánzishuidòng (grotte de la baignoire du dragon), partie avale Marche d’approche : 20 mn TPST : 4h Longueur explo / topo : 0 m Participants : Eric, Cécile, tout un staff de chinois, l’équipe CCTV, le responsable du tourisme du Comté de Suiyang, 3 paysans.

La région souhaite faire de la Shanghe le plus long réseau d’Asie. Pour ce faire, il reste à dépasser un réseau malaisien ; les officiels espèrent qu’on puisse atteindre les 200km ! Restent encore presque 50km à trouver, et cela devient de moins en moins facile… mais le gouvernement est prêt à y mettre les moyens. Une trémie monstrueuse barre une diaclase prometteuse à 1,5 km de l’entrée. L’objectif de la sortie est donc de repérer cette trémie avec le responsable et 3 paysans locaux dans la perspective de monter des équipes de désob. Nous emmenons donc 3 paysans en plus de l’équipe CCTV. Le pauvre Laha, fonctionnaire de l’état chinois, ne choisit évidemment pas les équipes qu’on lui affecte. CCTV, le responsable du tourisme et les paysans abandonnent à peine à 200m de l’entrée. Il faut dire que les passages sont parfois expo, qu’il faut se mouiller. D’ailleurs certains optent par la suite pour la progression en caleçon une fois qu’on est assuré de rester au fond de la diaclase vu que le trou de serrure a disparu, et nous nous retrouvons de nouveau éclairagistes et cameramen.

Au retour, Eric en profite pour faire quelques photos.

2ème trou : Shàngdòng (Grotte du haut) Marche d’approche : 5 mn TPST : 2h Longueur explo / topo : 57  m

Participants : Eric, Cécile, Hanfeng

Pendant que CCTV et notre staff chinois attendent la sortie de Jean et Bruno de retour de leur bivouac dans la partie amont de Lóngtánzi, nous en profitons pour aller régler leur compte à 2 points d’interrogation restant en suspens dans une grotte voisine.

Surprise, un lac barre l’entrée de la grotte. On a beau longer les bords et chercher les cailloux, l’eau passe par dessus les bottes au grand dam d’Eric. La très grosse galerie d’entrée n’est qu’un diverticule de pipi de chat qui permet d’accéder à une galerie énorme où règne un brouillard d’enfer. Dur de se repérer, il vaut mieux suivre la paroi de gauche qui est celle qui nous intéresse.

Je me tape l’escalade de 15m le long d’un petit affluent sur cascade de calcite en 1ère, c’est dire si c’est facile. On continue au dessus, tout est bouché par des cascades de calcite. L’affluent sort d’une zone étroite, petit méandre étroit mais pénétrable qu’il a du se creuser « récemment » que je suis jusqu’à l’endroit ventilé ou tout bon français en France attaquerait une bonne désob.

VENDREDI 19 AVRIL

Pour ma part repos (bonne crève à soigner), reports topo, lessive, lecture, sieste, bains et brochettes.

Les jeunes rentrent de Hóngzhàozidòng avec les yeux qui brillent mais en ayant oublié le matos topo dans le trou !

Le soir, encore des interviews télé et journaux de Jean histoire de faire le point en fin de « camp » : l’objectif des 150km dans la Shanghe a été dépassé.

SAMEDI 20 AVRIL

Le matin vers 8h, on ressent le tremblement de terre qui a lieu au Sichuan à environ 1000km de là.

On prépare les valises et on gère la crise pour renvoyer les garçons chercher le matos topo oublié la veille et gérer leur transfert vers Santang différé au lendemain.

On s’arrête à Zunyi pour visiter quelques hauts lieux de la Longue Marche de Mao et de la fondation de la République Populaire de Chine. C’est à Zunyi que Mao a été élu leader du Parti Communiste chinois pendant la Longue Marche en 1935 et qu’il y a prononcé le fameux discours qui a réorienté les objectifs de la Longue Marche. C’est également là qu’a été fondée la Banque Populaire de Chine. L’armée rouge y avait établi son quartier d’état major.

Nous partageons le dîner avec des amis de Qiang Zhi. Les chinois finissent tous bourrés, évidemment, et nous nous quittons vers 19h après moultes photos, congratulations et petits câlins pour faire selon les chinois 4h de route pour rejoindre Santang. Mais ça ne se passera pas tout à fait comme ça !

Céciel Pacaut

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